Geoffroy Hulot, Co-fondateur de Deglace, la startup qui révolutionne l’électroménager

Aujourd’hui nous sommes ravis de vous faire découvrir le portrait de Geoffroy Hulot, Co-Fondateur de la startup industrielle DEGLACE, qui conçoit et commercialise des appareils électroménagers circulaires.

Geoffroy, quel est votre parcours ?

J’ai commencé ma carrière dans le design industriel, où j’ai eu l’opportunité de collaborer avec des marques internationales de renom telles que Dell, Packard Bell, Acer, et Sagem, spécialisées dans l’électronique grand public. En 2013, j’ai fait le choix de m’orienter vers la grande distribution en rejoignant le Groupe Auchan. Là, j’ai été chargé de créer et développer Qilive, leur marque propre
d’électroménager. Quelques années plus tard, j’ai eu l’honneur d’être sollicité par le ministère de l’Écologie pour apporter ma contribution à la législation sur la réparabilité. Cette expérience a été un tournant, confirmant ma volonté de s’attaquer à l’obsolescence programmée et à la problématique des déchets électroniques. Convaincu de l’importance d’innover pour une économie plus durable, Matthieu De Wolf et moi avons alors fondé Deglace. Notre ambition ? Proposer une gamme d’électroménager qui incarne les principes de durabilité et d’économie circulaire.

 

Pouvez-vous nous nous en dire plus sur l’idée qui a mené à la création de DEGLACE ?

L’impulsion est venue de mon implication dans l’élaboration de la loi sur la réparabilité. Ce travail a été un véritable déclic, révélant l’impasse du gaspillage actuel basé sur le triptyque « acheter-consommer-jeter ». Inspirés par nos discussions au ministère, j’ai identifié trois constats alarmants qui ont façonné notre projet.

Premièrement, nous avons observé une tendance préoccupante : face à une panne, 60 % des consommateurs optent pour le remplacement de l’appareil, souvent faute de temps pour une réparation. Cette réalité met en lumière les obstacles à la réparation, tels que le coût, la pénurie de pièces détachées, ou encore la difficulté de réparer.

Deuxièmement, la durée de vie limitée de nos appareils accélère leur renouvellement, engendrant une hausse continue de la production de déchets. Les DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques) sont aujourd’hui la catégorie de déchets à la croissance la plus rapide au monde. Le baromètre Fnac Darty souligne que la majorité des appareils, des smartphones aux appareils
électroménagers, ne dépassent pas sept ans d’utilisation. principalement dû à l’augmentation de la complexité et de la compacité des appareils, élève le risque de pannes. Même des objets traditionnellement durables, tels que les montres ou les vélos, intègrent désormais de l’électronique, les exposant ainsi à l’obsolescence.

Troisièmement, la menace de pénurie sur les ressources essentielles se précise, selon l’Union Européenne. Le lithium, le magnésium, et le cobalt parmi bien d’autres, sont désormais considérés comme critiques. Cette situation alarmante appelle à une révision de nos modèles de production et de consommation vers plus de durabilité, en limitant l’extraction de nouvelles matières au profit du
réemploi. Cela nécessite de relocaliser la production au plus près des consommateurs. C’est ce principe de l’économie de la durabilité et de la circularité qui guide notre mission.

 

En quoi Deglace se distingue-t-il par sa vertu environnementale par rapport à d’autres marques d’électroménager ?

Notre idée, c’est de reconcevoir l’appareil considéré le moins durable de l’électroménager: l’aspirateur balai. En utilisant la modularité pour l’ensemble des pièces d’usure comme la batterie, le moteur, les cartes électroniques etc. nous avons rendu possible leur remplacement facile par l’utilisateur, à l’image d’un remplacement de cartouche d’encre dans une imprimante, c’est plug&play. Cette
innovation permet non seulement de lutter contre l’obsolescence d’usage mais aussi contre l’obsolescence technologique car nos modules sont évolutifs. Par ailleurs, nous avons doté notre aspirateur d’une intelligence prédictive permettant de diagnostiquer l’origine de la baisse de performance et donc d’anticiper la panne. Enfin, notre modèle de circuit court permet aux utilisateurs
de nous renvoyer les composants usagés dans une boîte préaffranchie, utilisée initialement pour l’envoi du composant neuf. Ce processus garantit un retour à 100% des composants défectueux, une promesse unique dans le monde de la tech.
Pour découvrir davantage sur notre engagement envers la durabilité et sur l’aspirateur « Fraction », visitez notre site web : www.deglace.tech.

 

Quel(s) obstacle(s) avez vous rencontré jusqu’à présent ?

Le financement demeure le défi le plus significatif pour nous. La difficulté majeure provient de la réticence des investisseurs à s’engager dans le secteur du hardware, surtout dans le BtoC lors des phases d’amorçage. Pourtant, les principales puissances économiques mondiales se distinguent en tant que leaders dans le secteur du hardware et dans le domaine de l’innovation. En France,
l’économie du service SaaS B2B, est préférée. Elles annoncent d’importantes levées de fonds, d’ailleurs souvent pour le bénéfice indirect des géants GAFAM.
Cependant, de nombreux VC sont intéressés pour nous accompagner sur les tours suivants. Il nous faut donc franchir ce premier palier. Outre le développement technologique de notre produit, la nécessité de créer une communauté autour de celui-ci représente un autre niveau de complexité et exige des ressources financières substantielles. Matthieu et moi consacrons donc une très grande
partie de notre temps à la recherche de financements de cette première phase.

 

Avez-vous une idée de la traction de votre produit sur le marché ?

Absolument. L’aspirateur Deglace se positionne sur un marché européen déjà connu, qui affiche une PDM de 3,8 milliards d’euros et une forte croissance. Notre lancement officiel s’est déroulé lors du salon Made In France à Paris, où notre aspirateur modulaire a suscité un vif intérêt. En seulement quatre jours, nous avons enregistré 400 pré-commandes, ce qui dépasse toutes nos attentes. Il est
particulièrement encourageant de voir que parmi les précommandes, certains investisseurs ont
manifesté leur intérêt pour notre produit pour le commander.

 

Les précommandes indiquent-elles une levée de fonds imminente ?

Effectivement. Depuis plus de deux mois, nous nous consacrons entièrement à la levée de fonds, avec pour objectif de réunir 500 000 euros en actions. Nous avons choisi de nous tourner vers le financement participatif via la plateforme WiSeed. Cette approche permet aux consommateurs / investisseurs de devenir actionnaires de notre entreprise, avec une mise de départ fixée à 1000
euros. Notre campagne débutera dans quelques semaines.

 

Quelles solutions envisagez-vous pour surmonter les obstacles rencontrés ?

Nous croyons que la France pourrait tirer des leçons des modèles adoptés en Chine, et aux États-Unis, où l’État joue un rôle clé dans le soutien des projets industriels. À notre avis, le gouvernement français devrait emboîter le pas pour combler le déficit de financement sur l’amorçage des startups industrielles. Concrètement, BPI France pourrait mettre en place un comité d’experts dédié à la sélection et à l’accompagnement des projets hardware prometteurs jusqu’à leur première traction commerciale. Une fois cette étape passée, il reviendrait alors aux fonds privés de prendre le relais pour l’investissement, suivant le modèle actuel.

 

Quelles sont vos ambitions de croissance ?

Notre objectif est de nous étendre à l’échelle européenne, puis internationale.

 

Pourquoi avez-vous rejoint le CSI France ?

Le financement du hardware représente un défi majeur. En nous unissant au sein du CSI France, nous renforçons notre position et notre capacité à relever ce défi

 

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